mercredi 8 novembre 2017

Au pays du guacamole et des iguanes

Dimanche 29 Octobre, jour du changement d'heure. De mon côté j'en ai fait un double qui s'annule (une heure de moins à l'atterrissage de mon vol Nouvelle Orléans - Atlanta que j'ai récupérée à l'aéroport de Cancun). Sachant que les américains n'ont pas changé d'heure mais que les mexicains oui, quelle heure était-il hier à la même heure ? Bref, je laisse mes neurones aux repos et ajuste l'horloge de mon téléphone tout en découvrant mes premières images du Mexique au travers de la navette qui me mène au centre-ville. Cancun est une ville réputée pour son complexe hôtelier en bord de plage. Je ferais l'impasse sur cette destination, je resterai dans la « vieille » ville. Aéroport le mieux desservi du secteur, il sera ma porte d'entrée et de sortie de ces trois semaines en Amérique centrale à la découverte des mayas. Je décide d'occuper ma première journée à la logistique (laverie, planning et réservations...), histoire de me poser un peu et de m’imprégner lentement de cette nouvelle « ambiance ». Très vite les similitudes avec mon voyage en Pérou-Bolivie apparaissent. Comme beaucoup de mexicains, je passerai d'une ville à l'autre en empruntant les réseaux de bus. Globalement, Cancun n'a pas de grand charmes, je serai mieux servi sur mes deux villes suivantes : Valladolid et Mérida. Ces cités mexicaines offrent de jolies couleurs aux façades des bâtiments, quelques places arborés et de sympathiques petites églises aux tons pastels. Après ce sont des villes vivantes avec une autre définition de la propreté. Les rues sont engorgées de voitures, camions et bus. Si entre les villes on voyage en bus et les voitures sont rares, en milieu urbain c'est l'effervescence. Je sors un peu des cœurs de ville pour essayer de toucher un peu plus l'authenticité locale. 






En la matière, rien ne vaut une visite au marché central. Comme pour la propreté, on a pas la même définition des conditions d’hygiène. L'ensemble est très animé. Tout le monde est occupé. Acheter, vendre, déballer, transporter, nettoyer. Çà grouille et c'est plaisant à observer. Dehors on fait la queue à des stands de sucreries artisanales sur lesquelles les mouches se pressent également. Le tout sous un soleil de plomb, dans la bonne humeur et en musique. Les mexicains aiment la musique. Enfin un certain type de musique. Et il l'aime fort. La grande majorité des enseignes est équipé de sonos et inonde les rues de ces mélopées binaires. J'ai même vu une mascotte danser pour vanter les mérites d'une pharmacie. A Valladolid, je visite les cenotes des alentours. Ce sont des espèces de cavités qui hébergent des bassins souterrains où viennent se baigner les mexicains au milieu des poissons et chauve souris. Le Yucatan est gorgé de ces particularités géologiques.





 Chichen Itza, à trois quart d'heure de route de Valladolid sera mon premier site maya, il s'agit aussi sûrement du plus renommé. L'endroit est relativement vaste, les ruines sont assez espacées les unes des autres. Cela laisse imaginer la grandeur passée de la cité. Enfin, il faut se projeter car c'est envahi
 de touristes et de vendeurs ambulants. Je joue le « passager clandestin » et profite à la volée des explications des guides locaux au détour des monuments. Uxmal, prés de Merida, l'autre grand site maya du Yucatan, sera moins fréquenté et sans vendeur. On profite du site en compagnie des iguanes, les résidents actuels, qui se dorent au soleil. Il est possible de gravir les édifices pentus pour profiter de vues incroyables sur ces ruines perdues dans une mer végétale. Il y a plus de mille an, deux histoires de l'humanité s’écrivaient de part et d'autre de l'océan, chacune pensant être la seule. Mais on note des similitudes : on se sédentarise en cités, on régit une vie sociale, on s'invente des dieux et on fait même du sport (un jeu de balle assez bizarre qui se joue avec les coudes, les hanches et les genoux pour les mayas). Les mayas n'étaient pas des romantiques. Outre les sacrifices humains, ils se faisaient la guerre entre cités. Nul doute que s'ils avaient pu traverser l'océan avant que les espagnols ne le fassent, nous n'aurions pas eu de châteaux ni d'églises mais de grandes pyramides.








De Merida à Palenque, au sud, j'opte pour un bus de nuit. Le véhicule est à moitié vide, de quoi laisser la place à une nuit confortable, si ce n'est le réveil. Au petit matin, je suis sorti de mon sommeil par un militaire qui était monté dans le bus pour une vérification de routine. Nous sommes à la frontière du Chiapas. Après la révolte populaire zapatiste des années 90, la région a obtenu une autonomie officielle mais la lutte perdure et le territoire reste donc sous tension militaire. Sur une partie du Chiapas, les zapatistes promeuvent un autogouvernement en s'appuyant sur les traditions indigènes. La surprise passée, Palenque se révèle une petite ville agréable mais sans grand charme. Les ruines voisines valent toutefois le détour.





L'étape suivante est San Cristobal de las casas. Mais avant je voulais visiter les ruines de Tonina sur la route. Problème, le site est délaissé par les trajets touristiques. Il faut donc improviser. En arpentant les rues de Palenque, je trouve finalement mon bonheur. Je m'installe dans un colectivo à destination d'Ocosingo. Le colectivo est comme son nom l'indique très bien un transport collectif (voiture, pick up, minibus...). Une fois plein, il part à destination. L'uber pool n'a rien inventé. Pour Ococingo, c'est un minibus, je suis le seul touriste à bord. En route, le véhicule se vide et se remplit au gré de haltes improvisées. Et il n'y a pas forcement de siège pour tout le monde (les mexicains ont aussi inventé le surbooking). La route de montagne à travers une végétation à mi chemin entre la forêt et la jungle permet d'apprécier le cœur du Chiapas. De ce que je peux observer sur la route et au grès des hameaux de fortune, les principes ressources sont les bananes, le café, le cacao et l’élevage de poulets. A Ocosingo, je traverse la ville jusqu'au marché pour prendre un autre colectivo à destination des ruines. Je suis encore le seul touriste. Ou plutôt je suis le seul touriste « gringo », en effet, on est dimanche et les locaux prennent du bon temps. Finalement le site sera sympa mais moins marquant que ce que j’espérais. L'occasion d'observer une tranche de vie locale sur une journée.







De retour à Ocosingo je prends un autre colectivo jusqu'à San Cristobal où j'arriverais pour la tombée de la nuit. Nous sommes en altitude et le soir la température baisse rapidement. Un peu de fraîcheur n'est pas pour me déplaire au vue de mes deux derniers mois. San Cristobal est la grande ville culturelle du Chiapas. Une architecture coloniale assez sympathique et donc beaucoup de touristes. Je clôturerais ici ma première partie mexicaine.








Le lendemain, je prends un shuttle (le colectivo pour touristes) à destination du Guatemala. Hollandais, allemands, danois... Le voyage promet de belles sonorités gutturales. Je m'arme de mes écouteurs et me plonge dans ce cinéma vivant que vont m'offrir ces 8h de trajets sur une route parfois à la limite du praticable. Cantines improvisées au bord des routes, femmes en costumes traditionnels, enfants qui jouent aux cerf volants, église improvisée dans un garage, meute de chiens nomades, finalement le passage de la frontière (une formalité si ce n'est les 500 pesos « d’impôt de sortie ») n'amène pas de changement visible. Le Chiapas et le Guatemela semblent à première vue assez similaire. A noter toutefois l'apparition des chicken bus, bus colorés et archi blindés (d'où le nom) qui semblent régir les transports locaux. Après une longue journée de route, c'est un peu remué que j'arrive à ma première étape guatémaltèque : Quetzaltanengo (un carton au scrabble) en plein altiplano.

2 commentaires:

  1. Photo 7 on l'a reconnue la salle des Illustres... :)

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    1. C'est exactement ce que je me suis dit en rentrant dans la pièce!

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